Les attentes des consommateurs ont énormément évolué au cours des dernières années envers les enseignes de la Grande Distribution.
Selon une récente étude de FranceAgrimer sur les tendances de consommation, les consommateurs français souhaitent consommer moins mais mieux, et se tournent vers des produits de qualité, plus transparents et plus responsables. L'émergence de la consommation raisonnée et le développement du faire soi-même avec les achats en vrac (ndlr: Les Grandes marques et le vrac) témoignent de ces changements. Les consommateurs exigent désormais plus de transparence sur l'origine de leurs achats et souhaitent accéder facilement à toutes les informations de traçabilité. Et les produits de la mer n'échappent pas à cette tendance. Bien au contraire.
Du bateau à l'assiette, en passant par les distributeurs, des erreurs de traçabilité sont recensées.
40% de l'ensemble des produits de la mer (poissons, crustacés, fruits de mer) ferait l'objet d'un mauvais étiquetage, au sein des enseignes de la Grande Distribution, des marchés, des poissonniers, des restaurants (Source: Le Guardian, 2021) !
En effet, les erreurs d'étiquetage sont courantes et concernent généralement les produits frais et sur certaines espèces de poissons. Par exemple :
- Le thon obèse ou le thon albacore vendu sous le nom de thon rouge,
- Le cabillaud au lieu de l'églefin, etc.
Certaines espèces peuvent être mal orthographiées sur les étiquettes, suscitant le doute.
Quelles sont les problématiques rencontrées par les professionnels pour assurer une traçabilité complète des produits de la mer dans leur magasin ?
L’enjeu de la traçabilité est de collecter et suivre toutes les données et informations relatives aux origines des produits de la mer, aux différentes étapes de de transformation et à la livraison jusque sur les étals des poissonneries ou les enseignes de la Grande Distribution.
Ces informations doivent être collectées en amont dès le premier maillon de la chaîne, visibles et accessibles à tout moment par tous les autres maillons, jusqu'au consommateur final.
En amont de la filière, la date de capture et le lieu de capture ne sont pas toujours suffisamment vulgarisés pour permettre la compréhension de ces informations :
- la date de capture : séparer les lots par journée de capture est complexe, notamment pour les navires de pêche côtière. Les moyens à bord ne le permettent pas. Pour résoudre cette problématique, la mention " Date de capture " s'est élargie à la « période de capture », ce qui signifie que toutes les prises d’une même marée peuvent être désormais étiquetées ensemble.
- le lieu précis de capture : les navires de pêche côtière peuvent pêcher dans 2, voire 3, sous-zones de pêche différentes. Savez-vous à quelle sous-zone correspond la "VIIId" ou la "IV" ? Ces informations doivent être simplifiées pour une meilleure compréhension de la part des professionnels et des consommateurs. L'affichage d'un poster des zones et sous-zones de pêche au sein du rayon marée permet aux consommateurs de se repérer et ainsi orienter ses achats.
Pour les mareyeurs et grossistes, la traçabilité et l'échange d'informations peuvent être complexes dû :
- Au tri et à la création de lots en fonction de la demande du maillon suivant (les enseignes de la Grande Distribution, les poissonneries, les restaurants). Il faut structurer, centraliser, conserver, transférer toutes les informations de chaque lot : le matricule des navires ayant contribué au lot, la période de pêche et la provenance de chaque produit, etc.
- A l'étiquetage (commercial) réalisé lors de la commande (avant la réception du produit fraîchement débarqué), sans connaître toutes les informations obligatoires concernant le produit (date de capture, sous-zone de pêche, etc.)
- Aux outils obsolètes, ne permettant pas d'échanger les données et de s'interconnecter avec les autres acteurs de la filière, dont le maillon suivant, représenté par la Grande Distribution, les poissonneries et la restauration.
Pour les distributeurs,
- l'indisponibilité des informations, par exemple sur les zones de pêche, sur les quotas, la durabilité, etc. ne permet pas de répondre et satisfaire les attentes des consommateurs à 100%.
- la complexité des informations sur l'étiquette, notamment le nom scientifique. Cette obligation d'affichage peut paraitre inadaptée et pourtant elle permet d'assurer la bonne dénomination de l'espèce.
68 % des produits de la mer frais sont achetés au sein d'enseignes de la Grande Distribution en France (Source: FranceAgrimer, 2019)
Quelles sont les données de traçabilité à afficher au rayon marée (poissonnerie, grande distribution, etc.) ?
Doivent figurer sur l'étiquette et être accessibles pour les consommateurs :
- La dénomination commerciale,
- Le nom scientifique,
- Le mode de production, « …pêché… » ou « …pêché en eaux douces » ou « …élevé… ». En cas de mélange de produit de même espèce et de méthodes de production différentes, la méthode de production de chaque lot doit être indiquée.
- La zone de capture et la sous-zone de pêche. Pour ce qui est des espèces pêchées dans l'Atlantique Nord-Est (FAO 27), la Méditerranée (FAO 37), le nom ou le code de la sous-zone doit être indiqué. Pour le reste du monde, seul le nom de la zone est nécessaire. Pour les poissons pêchés en eaux douces, le nom des eaux (rivière, fleuve, lac, etc.) et le pays où le produit a été pêché doivent être indiqués
- Le pays de production, pour les espèces d'aquaculture
- L'engin de pêche,
- La mention "décongelé",
- La date limite de consommation. Pour tous les mollusques bivalves vivants comme la coquille St-Jacques, la mention «à consommer de préférence avant le…» peut être remplacée par la mention «Ces animaux doivent être vivants au moment de l’achat».
- Les allergènes.
Et pour les produits préemballés :
- La liste des ingrédients,
- La quantité d’ingrédients,
- La quantité nette (Poids net),
- Les conditions de conservation et d’utilisation,
- La déclaration nutritionnelle (à partir du 13 décembre 2016),
- etc.